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Prévention du suicide : la parole à PEPS SOS

23/03/2022 - 2 minutes de lecture
Enjeu majeur pour les policiers, la santé mentale constitue une problématique dont le ministère de l’Intérieur s’est saisi de longue date, avec la mise en place du Service de Soutien Psychologique Opérationnel (SSPO) et de la cellule « Prévention suicide ». En complément, deux associations faisant l’objet d’une convention de partenariat avec le ministère viennent également en aide à leurs collègues policiers en souffrance : PEPS SOS et Alerte Police en Souffrance (APS). INTÉRIALE, qui mène depuis plusieurs années des actions de prévention auprès des policiers, donne la parole à Christophe Girard, l’un des fondateurs de PEPS SOS.

La parole est indispensable, mais c’est encore compliqué de parler pour un policier (…) Nombreux sont les agents qui ignorent qu’ils sont en situation de détresse, voire de stress post-traumatique.

Christophe Girard, un des fondateurs de PEPS SOS.

Quand et pourquoi a été créée PEPS SOS ?
 
Notre association, reconnue d’utilité générale, a été créée en 2019 afin d’offrir une écoute aux policiers par des policiers, et prévenir les suicides. Depuis 25 ans, 45 policiers se suicident chaque année : c’est 40% de plus que dans la population active moyenne. Un suicide impacte 100 personnes : on ne peut rester les bras croisés. Les policiers constituent une population particulièrement exposée : nous sommes confrontés tous les jours à la souffrance, à la violence et à un danger de mort immédiat. Il est difficile de partager cette violence en rentrant chez soi : aussi les policiers représentent-ils les meilleurs interlocuteurs pour leurs pairs, qui connaissant les mêmes difficultés professionnelles mais aussi personnelles, du fait de nos horaires atypiques. Nous parlons le même langage, nous vivons la même chose et savons mettre des mots sur ce qu’ils ressentent.
 
 
Comment intervenez-vous ?
 
26 policiers se relaient afin d’être toujours joignables, par mail ou par téléphone, mais nous allons recruter car la demande est très forte. Nous avons été formés pour répondre aux appels de détresse : gestion de crise suicidaire, du stress, premiers secours psychologiques d’urgence… Notre rôle est d’amorcer la pompe de la parole et de graduer le degré d’urgence, avant de passer le relais à un spécialiste. Nous avons développé un partenariat avec deux cliniques psychiatriques qui accueillent, à leur demande, les policiers dans une chambre individuelle, sans dépassement d’honoraires. Le personnel médical y est particulièrement attentif à la spécificité du mal-être policier, pour mieux soigner. En cas d’urgence absolue, nous localisons l’appelant et faisons intervenir les secours à domicile. Mais, parfois, un seul échange peut suffire à gérer la situation.
 
 
La parole est-elle la clé selon vous ?
 
Elle est indispensable, mais c’est encore compliqué de parler pour un policier, qui se doit d’être fort. Il faut donc aller la chercher. Nombreux sont les agents qui ignorent qu’ils sont en situation de détresse, voire de stress post-traumatique. Le cerveau d’un policier est constitué de couches d’éléments traumatogènes : l’agent peut glisser doucement, sans le réaliser, vers un état de mal-être profond. L’entourage – les collègues comme la famille – joue un rôle essentiel : il faut oser poser les questions et ne pas avoir peur des réponses, oser prononcer le mot « suicide » : cela ne va pas provoquer le passage à l’acte, au contraire ! Les policiers devraient pouvoir s’aménager un espace de parole, notamment grâce à un accompagnement professionnel. Au-delà, il serait bon de les armer psychologiquement, à travers par exemple la formation « 1ers secours psychologiques d’urgence » : issue du protocole 6C développé par l’armée israélienne, elle permet de construire un bouclier cognitif à travers la stimulation du cortex frontal, pour arriver à gérer l’information sur le plan émotionnel et ne pas revivre le traumatisme par la suite.
 
 
A noter : depuis la création de l’association en 2019, près de 30 collègues ont déclaré à PEPS SOS qu’elle leur avait sauvé la vie

Dossier spécial Santé mentale dans le Mag de mars 2022
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